Objectif, obstacle et situations d'apprentissage

Objectif, obstacle et situations d'apprentissage

Philippe MERIEUX, 1993

j Histoire, 2 grands mouvements qui se sont opposés et s'opposent encore

Didactisation	Finalisation
Rationaliser les apprentissages exhaustifs et systématiques	Nous apprenons que ce qui a du sens pour nous dans une démarche volontaire qui sera réinvesti dans une activité librement choisie
L'école	L'apprentissage par l'action en situation de production
Depuis le début du XX^ème siècle systématisée à toute la jeunesse	Vieux comme le monde
	Aujourd'hui : méthodes actives, pédagogie de projet, "learning by doing"

Création de l'école, pourquoi ?

Selon Yvan ILLICH, (Une société sans école, 1971) pour raréfier les savoirs. Monopole de la diffusion des connaissances, de la certification = système de sélection

Mais surtout parce que l'apprentissage par l'imitation et l'action ne donnait pas satisfaction

Coménius explique cela dès le XVII^ème siècle et inaugure le mouvement de didactisation

On ne peut pas satisfaire à la fois l'apprenti et le client	donc il faut des lieux où	L'erreur et le tâtonnement ne présentent pas de risque
L'ordre des difficultés est aléatoire		L'apprentissage est systématique et progressif
Les rencontres sont très conjoncturelles		pour échapper à l'aléatoire social

Mais, ce que l'on gagne en rigueur, on le perd en finalisation. Seuls réussissent les élèves issus des classes sociales qui connaissent la valeur des critères académiques.

Dès 1899, des écoles nouvelles apparaissent en même temps que l'école Encyclopédique. L'enfant n'apprend que dans un besoin qui donne du sens aux acquisitions. Même inspiration que pédagogie Freinet. Méthodes actives : situations vraies => émergence de nécessités requises par la tâche => donne du sens. Inscrire des apprentissages dans une dynamique personnelle du sujet, de l'élève.

Conséquences : Motivation. Mais on redécouvre ce qui avait fait abandonner la pratique "learning by doing" : quand l'élève ne sait pas, le plus simple est qu'il renonce ; les obstacles ne se rencontrent pas par ordre de difficultés croissantes ; dans un travail de groupe rien ne garantit que ce sont ceux qui en ont le plus besoin qui vont travailler.

k Aujourd'hui, nous nous trouvons en face de deux principes didactiques :

Acquisition systématique des connaissances qui risque de "tourner à vide"

Intégration des savoirs qui risque les impasses et l'appauvrissement des acquisitions de l'élève

Philippe MERIEUX est convaincu qu'il faut réussir à les articuler sans en sacrifier un.

Conserver de l'approche didactique la détermination d'objectifs noyaux essentiels à atteindre

Faire émerger ces objectifs dans une démarche qui donne du sens.

Objectif-obstacle : objectif que le formateur fait apparaître à l'occasion d'un obstacle dans la réalisation d'une tâche.

Obstacle-objectif : l'objectif n'est intégré dans une dynamique d'apprentissage que si l'apprenant le découvre comme un moyen de surmonter l'obstacle.

l Les situations d'apprentissage

Les situations d'alternance (tâche, obstacle, ressources dans des lieux de formation) réussissent quand les temps de production et de formation sont articulés. 4 types d'alternances : implicite (vie quotidienne), aléatoire (formation et stage sans souci de rapprochement), juxtapositive (même objectifs en production et en formation mais pas de contacts) et interactive (obstacle, objectif, ressources, réinvestissement … avec concertation entre les formateurs production et formation). Seule le dernier mérite l'attention.
La pédagogie de projet : mêmes principes mais le même formateur pour les deux temps interrompt la tâche pour un processus d'apprentissage = tension. Problème du choix du projet : le formateur pense objectif, obstacle, projet. Les élèves résonnent projet (la tâche) d'abord. Les obstacles ne sont pas tous utiles, franchissables par les élèves et de complexité croissante. Ils doivent être sélectionnés pour apparaître aux apprenants sous forme d'obstacles-objectifs et donner lieu à une démarche d'apprentissage et de réinvestissement.
La pédagogie des situations-problèmes reprend la même logique mais compacte le processus : le sujet (élève) ne peut pas poursuivre la tâche sans apprendre. C'est en effectuant la tâche qu'il effectue l'apprentissage

L'élaboration d'une situation d'apprentissage passe donc par :

objectif
tâche
dispositif, ressources pédagogiques et contraintes pour permettre de franchir l'obstacle sans pouvoir le contourner
organisation du réinvestissement, permettre à l'élève de distinguer ce qu'il a fabriqué de ce qu'il a appris

m Conclusion : La tension entre didactisation et formalisation est indépassable. Le praticien doit maintenir un équilibre entre les deux sans céder à la tentation de réduire ses pratiques à un seul.